Depuis l’apparition du partage de données énergétiques, les avis divergent quant à l’utilité de cette évolution. Un climat de méfiance s’est installé chez certains, bien que cette peur ne soit pas justifiée.
L’impulsion des pouvoirs publics
Le partage de données énergétiques est largement encouragé par les pouvoirs publics. En effet, le ministère de la transition écologique et solidaire souhaite « favoriser une meilleure appropriation de la consommation d’énergie dans les territoires par les citoyens, les collectivités territoriales (…) par le croisement des données locales d’énergie avec d’autres données en open data, par la création de solutions de data-visualisation et par l’analyse comparative de ces données. »
En clair, l’Etat souhaite accélérer l’innovation en terme de transition écologique (plus d’informations sur le site Hatari), en partageant les données énergétiques de tous les acteurs.
Les pouvoirs publics sont convaincus que la réussite de la transition énergétique française, devra passer par l’évolution de l’open data énergétique. L’ensemble des acteurs privés s’accordent à dire que le partage de données énergétiques aura des bienfaits et va accélérer l’innovation dans ce domaine. La question de la protection de ces données personnelles fait cependant grincer des dents. En effet, il faudra trouver un équilibre entre la totale transparence et la protection des informations d’un point de vue juridique.
Le partage des données énergétiques fait peur
Depuis la loi sur la Transition Energétique pour une Croissance Verte, les opérateurs d’énergie ont l’obligation de mettre en place des politiques de partage des données, sur leurs consommations de gaz et d’électricité ainsi que celles des usagers. Le géant français EDF et d’autres opérateurs ont donc, d’ores et déjà mis en place des dispositifs, pour favoriser l’accès aux données pour accélérer l’innovation.
Pour ce faire, les entreprises choisissent de créer des plateformes spécialisées en partage de données énergétiques, qui permettent de suivre la consommation d’énergie en Outre-mer et en Corse par exemple. Les îles françaises sont contraintes de produire la totalité de leur électricité sur place. Ainsi, les données récoltées sont donc précieuses pour évoluer vers une transition énergétique, sur le reste du territoire.
Pourtant cette ouverture au niveau de l’accessibilité des données fait peur à certains, que ce soit au niveau des entreprises ou du consommateur, car ils estiment que les données sont de potentiel gain financier ou s’immiscent dans leur vie privée.
C’est en partie vrai, mais tout dépend de la manière dont les données sont utilisées. Ce qui attribue une valeur aux données, c’est la capacité qu’à l’utilisateur à les collecter, les analyser et les retranscrire. Seules les algorithmes statistiques permettent une analyse approfondie et fiable des données.
Les données non traitées n’ont ainsi aucune valeur pour son propriétaire. Les entreprises et les consommateurs ont donc tout intérêt à partager leurs données avec des personnes compétentes.
Par contre, l’Etat doit aménager un espace sécurisé qui empêche la fraude de données sans le consentement du propriétaire. Il doit régner un climat de confiance entre le propriétaire des données et l’organisme qui les traitent. Une bonne connaissance de ce cadre et une campagne d’informations sur le partage de données énergétiques est donc essentielle, pour familiariser les consommateurs et les entreprises.
Le cas des compteur Linky
C’est l’une des plus grosses polémiques autour du partage de données énergétiques. Les compteurs Linky d’Enedis, une filiale d’EDF, sont la bête noire de certaines municipalités et certains citoyens.
Depuis l’annonce de son installation dans tous les foyers français, le compteur Linky voit le nombre d’opposants augmenter tous les jours.
La raison ? Linky est un compteur électrique connecté qui recueille 2 fois par jour les données énergétiques du foyer auquel il est relié et les transmet deux fois par jour automatiquement à Enedis. Fini les relevés de compteur avec une personne physique qui se déplace chez vous. Enedis assure également une meilleure connaissance de sa consommation grâce au recueil de données en temps réel.
Sachez que le déploiement des compteurs communicants Linky est inscrit dans loi relative à la Transition Energétique pour la Croissance Verte. Son application a été voté en 2016 et d’ici 2021, 35 millions de foyers français devront être équipés.
D’après un groupe de chercheurs du CNRS, les compteurs électriques communicants permettraient aux consommateurs de mieux suivre leurs consommations d’électricité. En effet Enedis assure que le compteur n’est pas intrusif mais il permet de recueillir, au jour le jour, les indications de consommation en fonction des appareils comme le chauffe-eau, la chaudière, le lave-linge ou encore le lave-vaisselle. Les foyers qui ont pu tester ce compteur ont vu en moyenne leur consommation d’électricité baisser de 23% en moyenne.
Le 13 décembre 2017, Enedis avait annoncé avoir posé 7 millions de compteur Linky dans toute la France. Avec une moyenne de 30 000 poses par jour, Enedis a toutes les chances d’atteindre son objectif fixé pour 2021, malgré les réticences de certaines communes et certains usagers.
Sachez qu’en tant que particulier, vous n’êtes pas propriétaire de votre compteur électrique même s’il se trouve à l’intérieur de votre maison ou appartement. Seule la commune peut décider l’interdiction de poser des compteurs Linky dans son secteur.